Lorsque je tombe sur les restes d'une maison en train de s'effriter
comme un chicot, je sens les vies passées par là et leurs fantômes
glissent leurs palmes mélancoliques dans les nerfs fragiles de mon cœur
affolé.
Je touche les pierres et mon enfance est là. J'habite la
demeure un moment. L'odeur de la mousse se mêle à l'odeur de l'humus.
Des années de feuilles retenues par les restes de murs, ses murs qui
retenaient la chaleur d'un foyer.
Je calcule l'énergie qu'il faudrait
pour tout reconstruire. Les ongles retournés, la sciure, la terre à
nue, la boue des jours de pluie, le sang, la sueur, les rires
nécessaires pour remettre un toit, là, sur cette ruine.
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Fête de famille
tellement d'enfants qu'on dirait
le paradis
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Et puis je reprends ma route, laissant tous ces rêves passés et futurs
aux outrages du temps, aux longs grignotages des cloportes, à la
succion des vers, aux piqûres des becs fouineurs, au vent, à la pluie,
aux racines, aux coups des passants hystériques.
Dans les
branches tortueuses de ma mémoire, la ruine devient un nid de plus pour
les petits corbeaux qui voltigent en permanence dans ma boite crânienne,
essayant sans y croire de gober l'araignée qui se balance au plafond.
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Tas de pierre
le crapaud reste
dans sa bulle
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