Message préventif

Puisque l'amour rend aveugle, je conseille aux pratiquants, en plus d'un bon stock de préservatifs mentholés, l'usage de la canne blanche au moment de la crise. C'est en effet curieux, alors que les transports sont là, alors que l'on a perdu la vue, de se mettre à courir dans les ténèbres.

P.-S. Veuillez lire à haute et intelligible voix ce message à vos congénères contaminés : avec leurs yeux crevés et leurs béatitudes extatiques, j'ai crainte que ce propos ne leur échappe. En effet, désirant rester tranquille au fond du gouffre où je suis tombé il y a bien longtemps, j'aimerais limiter autant que faire se peut les cris de frayeur et autres sons d'atterrissages douloureux qui nuisent à la confection de mes poèmes et à mon épanouissement solitaire.

Merci

Le messager














Corbeau bleuté
Tes larmes d'encre
Soulignent la ligne
De ta branche
Qui glisse
Comme un serpent


Corbeau moiré
Belle mouche
Au vol lourd et charmé
Tu emportes
Le souffle des morts
Au delà des cieux

Corbeau posé
Ton regard dessine
Sublime
Le courant d'air
Que laisse le vide
En arrivant

Corbeau songeur
Ton seul conte
Ton œil inquiet
Nous le transmet
Attends un peu
Pour t'envoler

Poésie inspiré par la peinture " Le messager " de mon frère : François Coune. Été 2017...

Au fond du fond

La mer se retire
La terre boit du sang
Les étoiles filent
Lentes et seules

Un grand faucheux
Tisse autour de ma lampe
Un papillon se plante
Palpite

Un vertige aussi
Tourne dans la forêt
Maelstrom de bois brisé
Sous la lune

Je respire et je fonds
À l'ombre de l'ombre
Je me laisse couler
Serrant entre mes doigts
Un petit caillou
D'espoir

J'attends du fond
La molle révérence
Tendre et mortelle

Des profondeurs
Des gouffres
Des abysses sans nom
Je goûte la fraîcheur

Mon petit caillou d'espoir
Trempé dans cette affreuse absence
D'amour
De rire
De vie
Est comme une étoile
Si loin

Qu'on le distingue à peine