Ginko 01 ~ le mont Ventourette


Sous les chênes verts
un capuchon de stylo bille noire
attend sa maman
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Vertige ~
Il manque un morceau
du chemin
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Coulée verte ~
une source cachée invoque
des pâquerettes
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Tendre tramontane ~
elle caresse le dos argenté
d’un petit pré
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Fleurs minuscules ~
le ciel laisse des miettes
à la fourmilière
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Nuage de fleurs de thym
trois gros bourdons
se vautrent
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Du vent dans les pins
le craquement des racines
qui travaillent
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Soulevant une pierre
je dérange la nuit
d’un cloporte
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Ascension ~
pour le goûter
les mollets d’Evelaine
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Sommet de la Ventourette
il reste des cheveux sur le crâne
du vieux haïjïn
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Chemin du retour
je recroise mon ami
le papillon jaune





Volubilis

Chaque année je plante des volubilis dans une jardinière, et chaque année ils poussent jusqu'au ciel, au-delà des toits, des monts, des lunes, des astéroïdes, ils grimpent jusqu’aux étoiles et s’en abreuvent. Ô mes cônes multicolores ! Ô ma longue guirlande de lampions balancées par le vent, ondulante et brassée par la rotation du monde dans l’espace, puis frissonnante sous l’assaut des vagues de photons gammas crachés par le soleil…

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Volubilis ~
en secouant le sachet de graine
c'est déjà l'été


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Volubilis ~
au bout du doigt de ma muse
tu t'entortilles


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Volubilis ~
que viens tu faire serpent
sur ma corde à linge


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Volubilis ~
je sais que tu rêves
d'étrangler la glycine


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Volubilis ~
dans ta corole agitée
les fesses d'un bourdon


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Volubilis ~
le mauvais jardinier te regarde monter
sur son râteau


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Volubilis ~
entre dans ma cuisine
il fait bon


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Volubilis ~
sous la pluie
tu hoches la tête


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Volubilis ~
ça part en vrille, c'est du vice
tu vas mal tourner


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Volubilis ~
lentement
un feu d'artifice


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Volubilis ~
au paradis j'en suis sûre
tu grimpes à ses cheveux


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Volubilis ~
sous son pull
de petites veines bleues


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Volubilis ~
comme un trou noir
mais mauve et rouge


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Volubilis ~
dans l'escalier pour le ciel
les fées accrochent leurs chapeaux


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Volubilis ~
Vous dites monsieur que dans cette petite graine noire
il y les cent mille trompettes de l’apocalypse ?


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Sortie de nuit

Sortie du village
le dernier lampadaire clignote
 

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Une tramontane forcenée s’acharne à étirer les chênes verts dans le velours de la nuit. Les coups de vent mugissent, les arbres bruissent, personne ne cède.

Les épis d’avoine sauvage envoient se briser des vagues de frissons au bout du pré.

Les étoiles sont parfaitement immobiles au milieu des tourbillons invisibles.

Une odeur de thym serpente dans les sifflements de l’herbe et la fraîcheur de la rosée à venir.
 

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Devant lui, la grande ourse
Il pisse sur son ombre








Cauduro le 09/05/2017