Vertige

Puisque vous aimez ça :
Le vermillon, le ver mi-long
Le vertueux, le vertige et
Le vertical.
Puisque vous adorez
Les vermines, les verrues,
Les verdâtres et autres arts
Vernaculaires :
Je m'adonne, vous verrez, (car qui vivra, verra),
Vermicelle vérolé
D'orgueil, à verser vertement
Du vers dans vos verres.
Du verdoyant, du vermifuge (véritable s'il vous plait),
Du vert de gris, j'y tiens !
Du verglas pour les dérapages... Zip !
Du verruqueux... oups !
Du vermoulu et du vermouth
Pour vos verbiages versatiles ;
Et pour finir, une version
Verdure, avec : de vertes
Véroniques fleurissant un versant
Vertigineux.
Ver à soie, j'avoue, et vous sers à l'envi
Ce verjus
D'allitérations en "ver".


Calendrier de l'Avent : Samedi 23 Décembre

Assis nu
Dans le jardin
C'est moi la lune ce soir
J'écoute les grillons
Et les bruits du village
Qui s'endort


Un ver luisant
Dans les iris
Raconte que les étoiles
Se posent au petit matin
Et font la rosée
Mon œil...

Un lampadaire
Et son émeute de papillons
Inonde mon rêve
De lumière crue
Donnez moi
Un lance-pierre

Sur la table
Des allumettes éparses
Au bout noirci
Un enfant a joué
Avec le feu
Aux dieux

Je fais un petit fagot
J'allume
Mais le rideau
De la nuit
Ne prend pas
Dommage

Je m'allonge
Dans mon lit
Comme dans un cercueil
Je ferme les yeux
Et je file hanter
Les forêts violettes
Et les sommets cornus

Même dans la nuit
Je cherche de l'ombre
Pour briller




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Calendrier de l'Avent : Vendredi 22 Décembre

" Le boulot... bah... de la piécette pour mon proprio... des gens... sourires... soupirs... j'attends. Une odeur de moisi s'incruste dans mes cheveux... c'est le temps... ou bien cette cave où j'attends... Les heures sont très longues ce soir, on dirait des aiguilles qui s'infusent lentement dans mes veines. On me suce le sang...

l'horloge distille
en dessous du niveau de la mer
je pleure les étoiles

Sortir... tout le monde essaye de sortir... Cadenas, énigmes, portes closes, mystère et boule de gomme. Je suis le faux gardien qui garde de faux prisonniers. Tout le monde fait semblant ici comme chez le psy... Les prisonniers sont libres et moi, je suis assigné à résidence dans ce recoin de pierre puant. Les gros tuyaux d'évacuation des toilettes me vomissent dans l'âme à chaque fois que quelqu'un tire la chasse... Si je vous racontais mon travail, vous ne me croiriez pas...

haïbun
une tentative d'évasion
inespérée

Je m'ennuie... oh que je m'ennuie ce soir... je cherche sur mon cahier de nouvelles formes de poésie... Le "cinqku" francophone m'ennuie...

le sang
dans ma barbe
sèche la nuit
coule de mes yeux noirs
sans fond

... le rondeau... marre de la rime... un sonnet.... pfff... je suis toujours coupé... je m'ennuie comme un ressort plié... et c'est presque aussi chiant qu'une rage de dent... J'entends les autres qui s'ennuient aussi... On meuble... On s'ennuie, on s'ennuie, on s'ennuie... c'est une sensation étrange... donner son temps... donner sa vie... ses secondes... contre de l'argent.

regrets futiles
le cochon regarde son sang
couler dans la bassine

Et puis ça passe. Au bout d'un moment, après une suite gracieuse de gestes répétés cent fois, je reprends possession de moi. Je pointe et je sors. Dans la rue, il m'attend... Mauve et sans lumière. Sa chaîne luisante, mon tas de ferraille... Mon cheval... La ville est sous l'emprise du crachin d'un dieu bavard et glacé qui postillonne sans discontinuité. Je zigzague en faisant chanter mes pneus sur le goudron mouillé. Il fait froid et peu de monde, très peu de monde pour tituber sur les trottoirs.

nuit du solstice
l'hiver garde les frileux
engeôlés...

Malgré le vent et la pluie qui se colle dans mes cheveux, je ne veux pas rentrer tout de suite... non... je traîne... J'ai mes habitudes... un café en terrasse au pub. J'aime ce moment au milieu des serveurs qui débauchent. Le rouquin attache les chaises et le barman fait sa pause en me racontant des blagues toutes plus mauvaises les unes que les autres...

son rire flûté
les mouettes endormies
sur le fleuve

J'épluche mon Smartphone sans l'écouter... c'est une banane... sa peau des messages. Certains me font rire. Une petite sorcière à cinq cent kilomètres digère une amanites tue-mouche... Une brune complexe cherche son reflet dans la poésie de l'instant... les autres manquent à l'appel... Les lumières de la ville créent des structures qui jouent avec l'humidité ambiante... Au bord de la Garonne, les peupliers sont encore verts... J'imagine les myopotames frottant leur pattes palmées dans la vase...

la pluie s'arrête
le cuistot déguste
une citronnade

Le pub ferme... Je remonte sur mon fidèle destrier de métal. Sur la route deux jeunes filles portent une énorme branche. Je balance une vanne subtile... Elles me répondent qu'elles vont ranimer la flamme de Stalingrad... Je roule avec du feu dans la tête... Ah les blondes. Le lion bleu me laisse passer entre ses jambes. Toujours rien pour se cogner la tête par ici... C'est pourtant un mâle...

dernière ligne droite
mon quartier si banal
extraordinaire

La porte s'ouvre avec cette nouvelle clé... on a changé la serrure... l'autre jour... Je grimpe l'escalier... je balance l'antivol que j'ai autour du cou sur la table basse... un autre café... un peu de confiture de myrtilles... des haricots à la tomate... des galettes de maïs... à la radio des gens de droite expliquent que c'est mal... J'éteins...

tout le monde dort dans l'immeuble
ma guitare électrique
ronronne

Il est temps d'écrire ce haibun qui me trotte en tête depuis tout à l'heure dans la cave... Un style décousu... du banal... du quotidien... Une façon d'écrire chiffonnée... instinctive... casser de l'éloquence... aussi détaché qu'un pendu quand c'est trop tard... Je balance les mots en pensant à la bruine qui se dépose partout... au bruit d'eau dehors... à cette nuit aquatique... ma nuit de solstice...

café froid dans ma barbe
un renvoi à la compote de pommes

J'ai fini... J'ai mal à la tête.... J'enlève mes chaussures... J'ai froid... j'ai chaud... Je couve quelque chose... mais quoi... je bâille... oh mon lit... Je vais étirer cette viande douloureuse dans les draps glacés... mon cerveau bouillonne déjà de rêves et aspire au néant... je corrigerai demain...

café du matin
l'amertume fleurit
mon sourire


Laisser fleurir

La ruine recouvre tout
Tout tombe en morceaux
Les trous se comblent
Les montagnes s'affaissent
Des siècles et des siècles de chansons
De sang de sueur
En poussière
De nos fines dentelles de pierre

Il ne restera rien

Derrière cette ruine neuve
Les décombres du chemin
Là-bas, sur les ruines d'un autre
Mes ruines à venir

Partout un chaos de ferrailles
 

Souvenirs
Usures
Mensonges
 

Tout ce qui nous sert de terreau
Pour vivre
Tous ces morceaux
Cette éternité fracassée
Un Capharnaüm
Envahi par les plantes


Elles arrivent lentement
Pour conquérir
Ombrager
Emmieller
Elles donnent à tout ce cirque
Une allure

Le lierre et la scolopendre
Habillent l'horreur de la mort
De leurs grâces vernissées

 
Ici
Caché derrière ce rouleau de ronce serré
Un cri de rage

 

Envoûté par les parfums du lilas
Un bourdon pique au cœur
De l'enfance

 
Au chaud sous les clématites
Rouillent les premières fugues
Alors qu'un exploit sanglant parade
En grappe sur les branches rouges des phytolaques

 
Les ruines deviennent
Vestiges
Débris
Miettes
Poussières

La forêt grandit
En nous
Les loups sont de retour
Leur souffle chaud
Condense de l'eau
Sur les crosses
Des fougères épanouies


Un grand bouleau
Pleure de l'or aux quatre vents
L'amanite et la chanterelle pullulent
Amoureuses symbiotiques


Les étoiles traversent ce pays tranquille
Le vent frais est parfumé
Par Menthe
Nymphe du ruisseau


Sur la colline
La lune en roue libre
Coule


Les baisers sèchent sur le fil
Les guitares s'envolent
Les livres comme des oiseaux
S'ouvrent et se ferment
Dans les ventres du ciel


A coté
Des amis pleins de ruines
Pays d'aventure
Des femmes aussi
Pleines de temple maudit
De jungles oubliées
De tanières


Et tous se tient
Dans les résines boisées
De la lente explosion
Botanique

 
En toutes choses
Laisser fleurir



Calendrier de l'Avent : Jeudi 21 Décembre

L'autre fois, troublante, de la marjolaine, avec son odeur mauve, petite fleur que j'avais arrachée à sa colonie pour pimenter ma promenade.

De la marjolaine donc, dont la tige roulait entre mes doigts alors que d'autres parfums encore, comme seule une nuit fraîche peut en suinter, agaçaient ma narine.

De la marjolaine si pimpante dans le brouillard, agaçant mes narines, pimpante sous les étoiles, qu'on imagine parfois à défaut de les voir, que je m'étais arrêté pour la regarder longtemps.

De la marjolaine qui, étrangement, avec tout ce silence de nuit, avec les effets de lumière des éclairages publics, avec cette somnolence que je traîne lorsque c'est la fin de mon errance nocturne, avec les pas feutrés des chats dans l'herbe et sur les planches humides du jardin botanique ( j'étais « allée Giono », juste à côté ) ; va savoir ce qui se passe la nuit, entre chats et souris et ... serpents...

De la marjolaine, pardon, je me perds...

De la marjolaine qui me poussait à divaguer, pour ne pas dire divaldinguer, divalsouiller ou diva dingue et trop gaie... enfin tu vois l'idée.

Je tiens à vous rappeler qu'il y avait un très léger brouillard, peut-être une fumée toxique, ou bien des larmes dans mes yeux... la cataracte !... Je ne sais pas... Bref... Un sentiment impossible à décrire, floriforme sans doute, enraciné dans les frais souvenirs que j'avais d'elle.

Une impression plutôt qu'un sentiment, si je dois être tout à fait honnête. Une impression donc me ramenant à sa présence ici, sur terre : dernier élément d'une pentagulation démoniaque : étoiles invisibles, brouillard, nuit, petite fleur mauve.

Mon impression, pour ne pas dire mon frisson, était que cette fleur, peut-être, était la clef.

Oh, ce n'est pas tout à fait ça, mais les mots nous trahissent comme seuls peuvent le faire les meilleurs amis.

De la marjolaine donc, et à cet instant cristallisant un puissant sortilège, la lune est apparue, j'ai respiré le brouillard et j'ai plongé dans un autre monde.



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Fruits rouges



Ô baies
Appâts des nymphes
Mûres
Baiser de la mort en goguette
Framboises
Cervelle de fée amoureuse
Cassis
Voluptueux mystère de ténèbres
Myrtilles
Petit bleu sur la langue
Groseilles
D'un poisson de rubis et d'amour, les yeux
Ô baies
Dernières étincelles acidulées
De fleurs

Ô baies
Appâts des nymphes
If
Cyanure à croquer
Lierre
Écume amère des grandes salives
Houx
Pilules de songes écrabouillés
Gui
Quel crapaud a pondu là haut
Belladone
Perle de ricanements, sang séché
Ô baies
Ultimes malédictions
Des fées


Monstre

Extraits d'une pièce de théâtre à jouer dans l'obscurité totale ou presque !

Noir

- Monstre pour Noël je voudrais une cage plus petite...
- Pourquoi ?
- J'en ai marre de tourner en rond.
- ...
- Aussi je voudrais une laisse plus courte, c'est possible ?
- Bien sûr, mais pourquoi ?
- Je n'aime pas trop quand tu t'éloignes de moi.


Lumière

Ils dansent le tango

Noir

- Allo monstre ?
- Allo ? Qui est à l'appareil ?
- C'est moi monstre, ta proie implorante...
- Où as-tu trouvé mon numéro ?
- C'est mon petit doigt qui me l'a soufflé...
- Normalement les numéros, c'est dans l'annulaire...


Lumière

Ils sont dos à dos, appuyés l'un sur l'autre.

Noir

- Monstre, c'est quoi cette marmite énorme qui chauffe au milieu de la caverne ?
- C'est un bouillon malin, avec du thym, de la sarriette, des pommes et du brou de noix.
- C'est pourquoi faire ?
- Pour en finir avec tes questions...
- Vraiment ! Oh, c'est pas trop tôt ! Tu m'engraissais, oh il m'engraissait le coquin et moi qui me faisais vomir ! Mais monstre, je brûle d'être poché dans ce bouillon! Par contre, tu dois me violer et me battre avant de me dévorer ?
- On n'joue pas avec la nourriture désolé !


Lumière

L'homme jongle avec des œufs, la femme est allongée sur la table.

Noir

- Monstre où es-tu ?
- Juste derrière toi !
- Oh ! Monstre et qu'est-ce que tu comptes faire !
- Rien !
- Salaud !
- Salope !


Lumière

La femme est sur le devant de la scène les yeux fermés, l'homme joue de la guitare dans le fond de la scène.

Noir

Calendrier de l'Avent : Mercredi 20 Décembre


La ruine recouvre tout
Tout tombe en morceaux
Les trous se comblent
Les montagnes s'affaissent
Les fines dentelles de pierre
Des siècles et des siècles de chansons
De sang de sueur
En poussière
Il ne restera rien

Derrière cette ruine neuve, l'aujourd'hui
Les décombres du chemin
Là-bas, sur les ruines d'un autre
Mes ruines à venir
Partout un chaos de ferrailles
Souvenirs usures mensonges
Tout ce qui nous sert de terreau
Pour vivre

Tous ces morceaux
Cette éternité fracassée
Un Capharnaüm
Envahi par les plantes

Elles arrivent lentement
Pour conquérir
Ombrager
Emmieller
Elles donnent à tout ce cirque
Une allure

Le lierre et la scolopendre
Habillent l'horreur de la mort
De leurs grâces vernissées

Ici
Caché derrière ce rouleau de ronce serré
Un cri de rage


Envoûté par les parfums du lilas
Un bourdon pique au cœur
De l'enfance

Au chaud sous les clématites
Rouillent les premières fugues
Alors qu'un exploit sanglant parade
En grappe sur les branches rouges des phytolaques

Les ruines deviennent
Vestiges
Débris
Miettes
Poussières

La forêt grandit

En nous

Les loups sont de retour

Leur souffle chaud

Condense de l'eau

Sur les crosses

Des fougères épanouies


Un grand bouleau

Pleure de l'or aux quatre vents

L'amanite et chanterelle pullulent

Amoureuses symbiotiques


Les étoiles traversent ce pays tranquille
Le vent frais est parfumé
Par Menthe
Nymphe du ruisseau

Sur la colline
La lune en roue libre
Coule

Les baisers sèchent sur le fil
Les guitares s'envolent
Les livres comme des oiseaux
S'ouvrent et se ferment
Dans les ventres du ciel


A coté
Des amis pleins de ruines
Pays d'aventure
Des femmes aussi
Pleines de temple maudit
De jungles oubliées
De tanières


Et tous se tient
Dans les résines boisées
De la lente explosion
Botanique

En toutes choses
Laisser fleurir