L'autre fois, troublante, de la marjolaine, avec son odeur mauve,
petite fleur que j'avais arrachée à sa colonie pour pimenter ma
promenade.
De la marjolaine donc, dont la tige roulait entre mes
doigts alors que d'autres parfums encore, comme seule une nuit fraîche
peut en suinter, agaçaient ma narine.
De la marjolaine si
pimpante dans le brouillard, agaçant mes narines, pimpante sous les
étoiles, qu'on imagine parfois à défaut de les voir, que je m'étais
arrêté pour la regarder longtemps.
De la marjolaine qui,
étrangement, avec tout ce silence de nuit, avec les effets de lumière
des éclairages publics, avec cette somnolence que je traîne lorsque
c'est la fin de mon errance nocturne, avec les pas feutrés des chats
dans l'herbe et sur les planches humides du jardin botanique ( j'étais «
allée Giono », juste à côté ) ; va savoir ce qui se passe la nuit,
entre chats et souris et ... serpents...
De la marjolaine, pardon, je me perds...
De la marjolaine qui me poussait à divaguer, pour ne pas dire
divaldinguer, divalsouiller ou diva dingue et trop gaie... enfin tu vois
l'idée.
Je tiens à vous rappeler qu'il y avait un très léger
brouillard, peut-être une fumée toxique, ou bien des larmes dans mes
yeux... la cataracte !... Je ne sais pas... Bref... Un sentiment
impossible à décrire, floriforme sans doute, enraciné dans les frais
souvenirs que j'avais d'elle.
Une impression plutôt qu'un
sentiment, si je dois être tout à fait honnête. Une impression donc me
ramenant à sa présence ici, sur terre : dernier élément d'une
pentagulation démoniaque : étoiles invisibles, brouillard, nuit, petite
fleur mauve.
Mon impression, pour ne pas dire mon frisson, était que cette fleur, peut-être, était la clef.
Oh, ce n'est pas tout à fait ça, mais les mots nous trahissent comme seuls peuvent le faire les meilleurs amis.
De la marjolaine donc, et à cet instant cristallisant un puissant
sortilège, la lune est apparue, j'ai respiré le brouillard et j'ai
plongé dans un autre monde.
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