Tu cherches partout, comme un chien cherche sa balle, comme un soldat
cherche l'origine du sang qui lui colle les yeux. Tu cherches ta mère,
ta peau éparpillée dans les étoiles, tu cherches sans savoir ce que tu
cherches.
Tu cherches une solution que la panique implore. Tu cherches,
tu fouilles, tu creuses, tu retournes, tu casses, tu refouilles, tu
reviens sur tes pas, tu sors les appareils électroniques, tu fracasses
les tiroirs, les doubles fonds, les dessous d'éviers hantés de fanges javellisées, tu grattes la terre, tu pioches les cieux et rien.
Tu ne trouveras rien d'autre que ce triste reflet de toi qui s'use lentement.
Ne cherche pas, prend ce qui passe, toile d'araignée posée sur le
présent, vibre de tous les impacts sensuels de la vie. Le moindre
trognon de pomme dégouline de merveilles éternelles, le moindre
carrelage collant réjouit ta danse claudicante...
Comme la mort,
n'attend rien ni personne, attrape ce qui passe avec tes ongles, avec
tes dents, avec tes seins, avec ta queue, ou avec tes yeux, enfin, avec
tous ce qui traîne. C'est de la pêche au filet délirant. Déchire la vie
au fur et à mesure...
Le bonheur c'est un mode, l'angoisse une ballade
au pays des ombres, l'amour le paradis de polystyrène, tout est bon dans
cette cochonne de vie !