Dehors il pleut de façon lente et
déterminée. Ouverture de la fenêtre, trois
grandes respirations et un plongeon dans le jour gris, glacé et humide. Dans un pot abandonné
sur les toits, un
pourpier sans feuilles reprend de la vigueur sous l'averse. Remarquable
avancée d'un lierre à gauche. Épanouissement
du laurier-sauce du voisin qui avec son vert sombre et ses feuilles cirées
brille sous la pluie comme un arbre de Noël. Au
loin, toujours des toits, et des fils, courbes noires entre les poteaux,
légèrement balancés par le vent dans la brume grisâtre. L'odeur
de la pluie dans l'air, une sorte de salubrité un peu électrique.
Les yeux fermés on se retrouve à la montagne, au milieu des ruisseaux qui s'égouttent un peu partout. Tout semble gargouiller et tintinnabuler sous les dégringolades de l'eau tombée du ciel. Au milieu de toutes ces petites chansons liquides, on distingue, étouffés, rares, incongrus, des chants d'oiseaux, quelques instants de grâce, concert naturel, divine spatialisation de sons chauds et de sons froids. Dans le bac des volubilis, présentement piteux, entortillés morts sur du bois mort, une tasse plic-ploc et se remplit goutte à goutte.
Les yeux fermés on se retrouve à la montagne, au milieu des ruisseaux qui s'égouttent un peu partout. Tout semble gargouiller et tintinnabuler sous les dégringolades de l'eau tombée du ciel. Au milieu de toutes ces petites chansons liquides, on distingue, étouffés, rares, incongrus, des chants d'oiseaux, quelques instants de grâce, concert naturel, divine spatialisation de sons chauds et de sons froids. Dans le bac des volubilis, présentement piteux, entortillés morts sur du bois mort, une tasse plic-ploc et se remplit goutte à goutte.
jour pluvieux ~
les oiseaux chantent au compte-gouttes
Voilà
ce qui se cache derrière ce haïku tout juste réhydraté par les bonnes grâces de la
prose. À
vous maintenant d'imaginer, si ça vous chante bien sûr, ce qui se cache derrière
ceux-là : une petite sélection d'automne, le début d'un travail
que je voudrais vous livrer en toute humilité...
136 km/h
les peupliers me lancent des confettis
*
l'été
s'accroche
la nuit grandit peu à peu, sensation de chute
*
framboise
d'octobre
les enfants massacrent un tube de rouge à
lèvres
*
brève
éclaircie
le monde est tout luisant
*
prunelles
bleutées
dans la haie les mésanges complotent
*
ciel
filandreux
le peintre et le boucher s'emmêlent les
pinceaux
*
tuyauterie
et ferrailles rouillées
l'automne du grand platane
*
rouge
jaune orange vert rose
pixels d'automne
*
soir
triste
au bar les discussions s'enflamment
*
caresses
sur la mousse
les enfants dégustent de l'oxalis
*
premiers
glaçons
les moineaux titubent
*
lune
de jour
le chou givré transpire au soleil du matin
*
pluie
sur le bitume
le rouge et le vert des feux
*
jardin d'enfants
une feuille morte traverse la route sur les clous
*
il pleut des cordes
le parasol a rétréci au lavage
*
sourire de la lune
un chat noir sur le bas coté
*
étincelles parfumées
Clémentine se dénude
*
vapeur de vin chaud
un enfant cherche son père dans la foule
*
contre-jour de nuit
une araignée de la taille de la lune
*
dimanche glacé
nulle ombre pour troubler le silence
*
nuage d'étourneaux
le vieux platane a les nerfs