Ah ! la lune !

c'est encore toi
marée blanche de lune
lactescente espérance
toi qui me fais courir comme un enfant
vers ton clair
toi qui mets de la chair sur la nuit
de la chair de poule sur mon cœur

perché dans mon plumage noir
plus noir encore que les ténèbres ou tu te roules
perché dans mon noir de jais
je croasse à tes courbes
je croasse à tes gouffres
à tes fleurs de nacre
à tes racines de saphir
à tes vertiges de marbre
à tes plaines de talcs arides

perché sur ma branche tordue
j'imagine à contre-jour et je respire ta lumière

l'araignée d'eau tapine sur ton reflet fripé posé sur l'étang noir
le cormoran te transperce pour remonter des poissons d'argent

 lune c'est quand qu'on se marie toi et tes avenues de flanelles blanches
à nous deux régnons sur ce monde
je chanterai tous les jours pour toi avec la grâce de l'aubépine
jusqu’à te faire rougir

lune mon éternelle fiancée
bientôt rosée
nous pourrions nous entendre et rire
rire fort
rire à décrocher les étoiles
je verrais enfin tes dents
tes dents d'ivoire longues et satinées
celles avec lesquelles tu me dévores
tous les soirs
quand je m'endors