La naine jaune

Entre toi, la naine jaune et moi, le poète, voilà un sacré paquet de kilomètres.149 597 870, 700 exactement de ton cœur en fusion à ma pupille plus serrée qu’un « caffè corto ».

Lointaine et à la fois, à l’intérieur de moi. Nature divine. Je suis trempé de ta lumière. Ma peau, ma graisse, mes muscles, mes os, mon sang. Je sens toutes les variations de fréquence du spectre électromagnétique qui glissent entre mes cellules, de l’infrarouge à l’ultra-violet, de tes toussotements radio à tes rayons gamma hystériques.

Tu me bouscules. Tu réchauffes l’air que je respire. Tu arraches les nuages à l’écume des océans. Tu tires les arbres vers le ciel. Tu sucres les fleurs. Tu réveilles les bulbes endormis sous la terre.

Je te regarde les yeux fermés et pourtant je te vois. Je sens ta force d’attraction. Je sens combien tu pèses sur le tissu de l’espace-temps et comment tu entraînes dans le tourbillon voluptueux de ta chute les planètes du système solaire.

Lorsque je me suis posé en terrasse pour profiter un peu de ta chaleur, tu m’as illuminé. Le monde a basculé. Soudainement, j’ai compris que tu étais l’œil du cyclone, le cœur du maelström, le fond du gouffre qui nous aspire.

Putain d’étoile, tu es au fond, tu es la pointe du couteau qui force les ténèbres et nous chutons vers toi, collés à la terre comme des mouches au plafond, à la même vitesse où tu chutes vers le centre de la galaxie.

Vertige ~
en bas, tout en bas
le soleil







Photo ☆MV



Chroniques du « Paradise » (Suite de la diligence)

- Je te conseille le cocktail du soir. C’est à base de Suze céleste ! Oui, avec de la racine de pissenlit aromatisée aux plumes d’ange. Une amertume totale et à la fois, la douceur un peu évanescente de la nacre par derrière, comme un coup de sac de sable sur la nuque.

- Les trucs noirs qui flottent dedans ? Ha ! Ha ! Ha ! Non, ce ne sont pas des mouches ! C’est plus subtil ! Ce sont des pétales de belladone pilés dans la glace et le sucre, avec des pistils de colchiques. C’est pour soigner la nostalgie qui monte après ! Ça te fait des étincelles mauves qui crépitent dans les circonvolutions, un vrai feu d’artifice. Y’en a même qui ont toussé des volubilis par les oreilles après ça.

- C’est bon hein ? Mais il ne faut pas boire ça trop vite mon gars ! À ce rythme, dans cinq minutes, tu suces les glaçons. Fais durer l’plaisir. C’est le genre de verre qu’on sirote tranquille toute la nuit ! C’est pour ça que ça s’appelle le « Last Kiss »… Le dernier baiser, il faut le faire durer un maximum !

- T’en veux un autre ? Désolé ! On ne le sert qu’une fois ! Comment ça j’aurais pu prévenir ! Ha ! Ha ! Ha ! C’est comme ça… Allez ! Allez ! Arrête de pleurer… Tiens ! Je suis beau joueur, je te donne ma dernière cigarette.

~~~
Dernier baiser ~
une seconde d'éternité*
~~~


* merci à Ninon, pour l'inspiration de ce dernier haïku... et en conseil de lecture, la lecture de ce texte fondateur !  Cliquez sur ce lien !


Nuit calme

un peu de calme
un peu de silence
la nuit repose sa peau
un peu de rien
poussière de papillon
vague légère
chuchotements du monde

tout fui
la respiration des herbes
les champs qui frémissent
tout doucement
la nuit se pose
les étoiles dansent
elles ondulent
tout doucement
.
.
.
lumière
d’âme à âme
sur les ondes
un peu de calme
avant la tempête
du jour
tapis

Cinqkus de nuit

la nuit
dégouline
sur les pavés ~
allongé dans mon lit
je plane


je coule ~
le bourdon
glacé dehors
apaise mon esprit
docile

je pars
d'un seul coup ~
Au loin le train
chantonne sur ses ondes
rouillées

plus rien ~
des ténèbres
montées en neige
où le fouet incorpore
les rêves

et puis
c'est fini
c'est le matin
le réveil, le ciel rose
la vie

Mars 2018