Lundi jour de la lune. Au boulot les poètes, et du boulot qui
tache, pas de vers, de sonnets, ou de ces textes bizarres qui restent
sur le cœur ! C'est lundi ! Il faut suer pour saler la croûte de son
pain. Abandonner sa quête, pour aller faire la quête, décidément je
sombre...
Lundi jour de la Lune. Ma pauvre... Qui te
regardera ce matin cachée par la grisaille. Tu brilleras peut-être,
mais tout le monde s'en fout.
Tout le monde baisse la
tête le lundi. On regarde ses chaussures, les trottoirs, les flaques
pleines de ciel gris, et les bouches d'égout avalent nos idées noires.
La lune on y pense pas. On la laisse tourner, enchaîner les croissants,
les éclipses. Tous les lundis, météorites d'indifférence, l'avalanche !
Et pourtant, le saviez-vous, elle est pleine aujourd'hui...
Lundi jour de la Lune. Il fait encore nuit, nous sommes dans le
brouillard, le froid tue lentement les fleurs et les oiseaux. Rien pour
se réjouir...
Le réveil déchire les beaux rêves, leurs
lambeaux restent au fond du lit, avec notre chaud duquel on s'arrache à
regret, lentement, comme une peau de clémentine. Debout les damnés de la
terre. Debout ! Rien pour se réjouir et pourtant : Elle brille !
L'essentiel est invisible...
Lundi, jour de la lune. Profitant de vos yeux baissés,
discrètement, en m'agrippant aux tresses des étoiles, je retourne dès
demain matin, dans l'aube argentée et cliquetante, arpenter ses cratères
jusqu'à dimanche prochain.
Aujourd'hui pas de poésie.