Est fée ce qui est à faire...
Féeriques fantaisies à venir,
nouveaux souvenirs moussant dans l'abîme de la mémoire, petit coup de
pied aux fesses d'une destinée qui se traîne.
Est fée ce qui est promesse...
Mensonges, rêves éponge qui absorbent le désir dans une lente
soumission. Rivages aux myriades fleuries que l'éperon de notre galère
cherche à tâtons dans ce petit morceau d'éternité qu'il nous reste.
Est fée l'effet des sens...
Les corps qui dansent dans l'ombre des racines. Les galeries sans fond
qui filent vers les joyaux du cœur de la terre. Le sifflement des
feuilles, l'odeur de la peau, de la terre, de la sève, de l'orage, de la
pluie. Est fée la caresse, le baiser, le clin d'œil plein de
sous-entendus... Le soupir.
Est fée le cahot...
La
glissade qui nous verse le ciel sur la tête. Les coups bas de la vie.
L'escargot sous le pied nu. La ronce dans les cheveux. La guêpe dans la
bouteille. La vipère sous l'oreiller. La faucheuse toujours prompte à
nous faire des surprises éclair.
Est fée l'arrogance...
L'espièglerie, la frime, la gouaille, le magnétisme. Ces petits
sourires qui vous ouvrent le cœur comme le soleil éclate les grenades.
Ces gestes qui vous font disparaître en quelques secondes. Ces mots doux
en baumes discrets qui assassinent votre méfiance salutaire.
Est fée l'allusion...
L'impression, la pression, le dirait-on, le bizarre, le coq à l'âne, le
lapsus, le presque, l'étrange, le fumeux, le louche, l'insidieux, le
suspect. Toutes les intuitions , les pressentiments, les sentiments, les
vagues à l'âme et ce regard qu'on jette par dessus l'épaule quand le
silence et la solitude craquent l'un pour l'autre.
Est fée tout ce qui est merveilleux...
Tout ce qui frotte, couine, coince, cogne, râpe, tape, égratigne le
métal glacé du réel en nous grisant d'étincelles poétiques,
prophétiques, problématiques, automatiques. Tout ce qui fait vibrer la
bonne gelée graisseuse de notre cervelle.
Est fée l'ego tapi dedans...
Toi, moi, lui, nous, les autres, les songes saccadés de poursuites, de
retrouvailles, d'abandons, d'abondances, de désespoirs. Notre source,
notre identité, nos besoins, notre faille. L'inspiration volage, cet
oiseau de proie qui tourne au dessus des vallons et des bois, en nous,
dans notre monde intérieur...
Est fée la muse...
L'enfant,
le chat, la truite, le vent, la nuit, l'ennui. Les grelots, les
guitares, les poitrines qui se balancent. les ours qu'on ne voit jamais
dans les forêts sombres des montagnes.
La vie est pleine de fées aveugles, généreuses, diaboliques, inutiles...
La vie est pleine de grâces et de mystères.
Alors toi qui perds tes illusions. Toi qui crucifie le père noël. Toi
qui jette ton âme d'enfant aux râles menaçants de l'école, de la raison,
de la banque. N'oublie pas cet enfant qui courait avec les fées et qui,
aujourd'hui pourrait secrètement être ton guide pour te remplir de
lumière, de saveur, de jouissance et de bonheur.
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