La Burthe

Le ginko est une promenade dédiée à la composition de haïkus ou plus largement de poésie, quant à la Burthe, ce nom barbare cache un coin de verdure accroché aux coteaux qui dominent la rive droite de la Garonne près de Bordeaux. Un centre équestre, des bois pleins de dénivelés, des lignes à haute tension qui découpent le ciel bleu avec une précision mathématique, le ronronnement de la rocade toute proche et des chemins qui serpentent.

Je suis arrivé à vingt heure, le quinze septembre, alors la lumière est toute dorée et enflamme l’immense sapin sous lequel je m’arrête un instant.

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soleil couchant
dans le jardin d’enfants
des oiseaux

soleil couchant
l’ombre des tilleuls s’allonge
dans le pré

soleil couchant
l’odeur du fumier de cheval
un festival

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Armé de mes deux bâtons de marche nordique en noisetier paysan récolté à la main, je marche et je finis par arriver dans les bois. Les sentes caracolent et m’emportent dans un labyrinthe bruissant.
De temps en temps, un éclat d’or me rappelle que la nuit n’est pas encore tombée, et pourtant dans cet entremêlas de clématites et de lierres, le ciel n’est plus qu’une impression étoilée.

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vieille cabane
cachée dans le coin des bambous
un naufragé

seul dans la forêt
toutes ces plantes qui cohabitent
silencieusement

je ne dirai plus
feuille mortes, mais usagées
le sol croustille

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A force de descendre, je suis tombé sur un ruisseau longé par la large piste de terre battue d’un parcours de santé.
Une joggeuse me regarde parler avec les vieilles souches, son rythme cardiaque s’accélère, il faut dire que je n’ai pas l’air commode quand je parle avec les souches.

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murmure de la source
dans la mousse le sorcier laisse
son empreinte

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Le moment de l’effort est arrivé. Poussant sur mes bâtons, je grimpe rapidement le chemin descendu tout à l’heure. Grisé par mon odeur de sueur et ma respiration de buffle, je rejoins les prairies dolentes qui bullent sous le ciel mauve et où des chevaux trottinent avec dédain.
D’un jardin à coté m’arrivent des odeurs de viande grillée et de tartes aux pommes. Des rires, des bruits d’assiette et de couverts me confirment le larcin. Je salive.

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tombée du soir
la lune en croissant déguste
un cirrus rosé

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