en route vers la mort
ah ! ces avoines sauvages
de plus en plus belles
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L'autre soir, en maraude sur mon vélo, je roule alors que l'obscurité
envahi les tunnels de verdure de la piste cyclable qui relie Bordeaux à
Sauveterre-De-Guyenne. Je n'ai pas de lumières et je vais vite, très
vite, lancé de toutes mes forces sur cette pente douce gravie un peu
plus tôt.
Je n’y vois rien.
Je ne vois personne et personne ne me voit.
Je déboule comme un diable perpétuellement accouché par les ténèbres et c'est très bien…
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funambule
sur la ligne blanche
en roue libre
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Herbes coupées, terre humide, mélifluants compagnons blancs, sirupeux
épilobes, folles berces à tête de fantômes, viandes grillées sur les
braises d'un barbecue fumant derrière une haie de thuya parfumé,
effluves de vases noires, de poissons, de charognes mystérieuses : toute
une gamme de sensations me transporte de l'enfance à la mort dans un
cortège d'étincelles mélancoliques.
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odeur de souffre
du bout des doigts je fouette
les feuilles du sureau
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Sous la lumière orange et stroboscopique d'un lampadaire défectueux je
pose pied-à-terre. Je sens les gravillons rouler sous ma semelle,
j’écoute les grillons qui n'ont rien changés à leur chanson depuis la
nuit des temps, et alors, en grattant une croûte sur mon genou et en
éprouvant le cadre d'acier de ma fidèle bicyclette, je comprends que
l'enfant en moi est encore là et que le vieillard, ébloui, est déjà là.
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le vol essoufflé
de quelques papillons bruns
bientôt les feuilles mortes
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Je comprends que le passé et le futur ne sont qu'un imaginaire écrin pour recevoir le présent et je repars dans le noir.
Je n’y vois rien…
Je ne vois personne et personne ne me voit.
Je déboule comme un diable perpétuellement accouché par les ténèbres et c'est très bien…
J’arrive !
J'ai vu mes riens qui ressemblent aux vôtres, tout un tas me sont revenus : "Je comprends que le passé et le futur ne sont qu'un imaginaire écrin pour recevoir le présent et je repars dans le noir." "Je n'y vois rien..." ce n'est pas trouble mais troublant...
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