l’ivoire jaune des touches du piano
éléphant dans un magasin de porcelaine
je joue du marteau sur les bémols
le salon est rempli de notes jusqu’au plafond
il y a des chansons tristes dans les graves
et de petits moineaux
là-bas
dans le désert aride de la dernière octave
les doigts de grand-mère s’envolent
des valses grouillent au bout de ses ongles
je danse
je suis le cabri des fauteuils
la marche turque me chatouille
dans les creux du cœur
sous le piano des pots de géraniums
passent l’hiver
un chat noir traverse le clavier
dehors la pluie sur les platanes
l’odeur du thé et des tuiles aux amandes
les pieds sur les pédales
je décolle pour la lune
en do dièse
quand mon oncle vient, il ouvre le piano
trésor de ressorts en furie
après des heures de réflexion
je peux vous le dire
c’est Beethoven qui dessine
les plus belles partitions
cachés dans les touches
frère jacques, l’eau vive et le petit navire
viennent hanter au clair de la lune
je ne sais plus où exactement
ici ou là
il y a une fausse note
mes premiers poèmes
accouchés par la marche funèbre
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