Nuit d'hiver

Cette sensation parfois quand tu la regardes passer à la fenêtre avec sa trainée d'étoiles et de nuages pomponnés par la lune. Ou tu sais ! lorsqu'elle saupoudre une cage de pluie glacée que tu vois hachurer le cône de lumière du lampadaire et que tu en arrives à prendre pitié des limaces perdues là-bas dans le verger en ruine.

Et puis tu sais à partir du moment ou tu l'as vu tomber, dans un bain de sang, c'est interminable, et avant que le jour se lève, tu as le temps de mourir cent fois dans ce vieux fauteuil de cuir.


Frissonnant de fièvre et de dépit tu tournes les pages de ta vie, ce livre idiot dont le début te plonge dans les eaux boueuses de la nostalgies et dont la fin sinistre te file des sueurs froides. Tu parles d’un suspense !


Alors bien sûr, il y a parfois des compagnons de voyage : un chien, un chat, une femme, un enfant, que sais-je une guitare... mais ils dorment.


Derrière leurs paupières, tu sais des îles tropicales, des poissons multicolores, des bulles de savon pleines de musique et de sucre, mais ce n’est pas pour toi, ton rêve, il est là, accroché au réel, c’est un feu dans ta boîte crânienne, une envie de vivre multiplié alors… tu profites de chaque seconde pour sentir l’usure, le lent, le très lent processus de la fin des temps.


Avec tes yeux en orbite autour de cette solitude effrayante de celui qui cherche ses mots, tu la regardes passer à la fenêtre dans les vapeurs de ton cher café.


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nuit d'hiver
un train sans fin
s'éloigne
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