Crépuscule

Bientôt le soir. Le ciel est presque parfaitement bleu alors que toute la journée le soleil jouait à saute-mouton sur les nuages. Des éclaircies trop rares pour que ma nature cristalline s’épanouisse irradiée.

C'est l'heure où les réverbères s'allument.

Les arbres à contre-jour décrochent une larme de mes iris noisette.

Ce grand peuplier m’émerveille avec ses bourgeons gonflés de propolis.

Je suis au bord du fleuve. L'azur, reflété sur le liquide, est couvert de vaguelettes.

Des oiseaux rasent cette onde de mercure de tout près. Ils volent à quelques centimètres, et puis d'un coup sans qu'on sache pourquoi, ils se posent ; alors, le courant les emporte, petits bouchons noirs, deux par deux.

On dirait qu’ils discutent de cet avion qui passe. Peut-être s'essayent-ils à composer un haïku ?

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ligne rose sur le ciel ~
le monsieur dans l'avion débouche une mignonnette
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Sur un mur en ciment une fissure noirâtre héberge pour la première fois une plante inconnue. Elle s'ouvre...

Une barque échouée fait office de jardinière. Les enfants s'y installent parfois et partent à l'abordage.

Je rentre, j'ai les mains gelées.

L’arc-en-ciel a laissé sa peau, sur la route, dans une flaque.

Plus les années passent, et plus le monde est beau.

Là bas, au dessus du pont de brique rouge, le pond de pierre, un tourbillon de gris s’emporte, m'emporte...

Je suis de plus en plus surpris par le compte-rendu de mes sens : Les contrastes sont de plus en plus violents, les couleurs de plus en plus féeriques, la nature de plus en plus présente...

Un sourire, une odeur, un petit son mat, et je verse des larmes... sensibles...

Je suis de moins en moins indifférent, et plus je m’efface pour plonger dans la sensualité, et plus le bonheur prend de la place en moi…

Photo ☆MV