Cauchemars

Tous les jours un nouveau corps flotte dans l'eau noire de ma chambre. Plein d'effroi je me demande encore pourquoi.
L'autre matin, alors que j'avais calfeutré tous les orifices des fins fonds de mon parquet, une femme noyée, les cheveux épars au ras de l'eau, me regardait entre deux eaux. Cela fut trop pour un cœur doux comme le mien : je rendit ma nuit sur ses yeux pâles.
Pour en avoir le cœur net, autant que la conscience, je décide de me ligoter sur mon lit avant de m'endormir, car cela ne pouvait être que moi qui pendant mon sommeil ramène ses cadavres blêmes et si lourds de silence.
Une journée passe avec cette décision entreprise. Le soir venu, j'enfile des menottes et confis la clef à une amie, censée me délivrer le matin du lendemain. Je dors d'un bon sommeil, toutes les issues de mon aire plus barricadées que le cerveau d'un éléphant des marécages....
Le chant du coq retentit, et la lumière blanche d'un jour gris force mon éveil. Et que vois-je, là ! Délicatement étendu sur l'onde grasse de mon parterre. Un sourire coincé entre les narines ; là ! Navigant comme un bout de tronc entre mon bureau et mon lit : Mon amie pleine d'eau, morte et déjà pétillante de putréfaction.
Je veux me lever, mais ce mot n'est plus à sa place quand on est menotté aux barreaux rêveurs de son lit, que dis-je, de son tombeau.

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