Libération

Il y a de la lumière, c'est tout ce qui compte. Les ténèbres tapies en robe de velours se coulent sur l’encolure des loups féroces de notre enfance.

Il y a de la raison, c'est tout ce qui compte... Elle est là, comme ces cages que l'on glisse dans l'eau verte, pour veiller sur le spectacle dentelé des requins en proie aux loopings frénétiques. Bien à l'abri derrière les barreaux nous contemplons la folie du monde qui crépite en pluie tiède d'informations sensorielles futiles.

Des principes, des façades, des préjugés, des peurs, des illusions, des mensonges nous préservent du flot fou du désir, de l'émotion, et de nos pulsions contradictoires.

On range et on se range sagement jusque dans la boite ouvragée de notre cercueil où docile on se tape un dernier sommeil...

Et si cette année on lâchait un peu la bête...

Si on réveillait les révoltes de l'enfance...

Si on jetait l'argent par les fenêtres...

Si on s'embrassait plus longtemps et plus profondément au lieu de se brosser les dents.

Si on acceptait de ne pas tout contrôler, de se laisser emporter, de casser la vaisselle, de brûler sa voiture, et de conclure dans un grand rire libérateur que ce qui est fou, aujourd'hui c'est de ne pas l'être...