Insomnie

Quand tu nous tiens par les cheveux, tu es une amante implacable.

Tu joues du poignard et de la guitare toute la nuit.

Qui te demande de garnir de pavés les plumes de mon oreiller.

Sur l'ordre de qui tes moustiques se tamponnent dans l'enfer des ténèbres...

Une nuit entière à sucer tes lèvres, à maudire ton ombre, à implorer la délivrance.

Dans les flux, les reflux, les refus de soupir, les sourires de la lune, les courants d'air qui m'accompagnent de bonne grâce, oh ma bonne garce. Insomnie!

Ta fin est proche, je bâille. J'arrive !

J'entrevois la fin de celui qui a vécu ce jour et qui deviendra un autre.

Le moi de demain sera plein de malédiction pour celui d'aujourd'hui, celui là qui te baise, insoumise insomnie, maîtresse aux ordres de la mort, qui nous la montre comme une promesse gracieuse.

De la pluie s'égoutte un peu partout, la fraîcheur rampe sur le plancher, ceux qui se traînent dans le brouillard gémissent.

Je vois par dessus le toit rosir la nuit.

J'entends parler dans certain coin de ma rue.

L'odeur du pain grillé arrive à mes narines, l'odeur du café chaud, de la brioche.

Et comme d'habitude, tu t'enfuis dans la lumière doré de l'aube...