Prédation

Au sommet d’une colline aux versants griffés de vigne, il y a un bois. C’est l’été, en plein après midi, il fait si chaud que l’envie de s’enfouir à l’ombre des chênes, des aubépines, des frênes et autres coudriers est irrépressible.

Religieusement, je me glisse sous les ogives de branches qui tissent de fines dentelles au dessus du chemin, puis dans les sentes de bêtes pleines d’histoires de méandre. Je foule le lierre, la mousse accumulée sur les pierres. Je danse entre les lianes de clématite sauvage et les touches de parfum citronnées qui gouttent des chèvrefeuilles.

Avec la canicule, le sol est sec et croustille sous mes pas. Je hume le vert qui résiste, grisé de lumière et condensant de mystérieuses essences. Les griffures de ronces et les craquements de branches mortes, mantra diabolique, affutent mes sens et ma rêverie jusqu’à l’incandescence : c’est alors que j’arrive dans un coin de forêt dégagé.

Le piège est en place, en tenue de camouflage. Des câbles rouillés tranchent le ciel au milieu des troncs étranglés. Un vieux wagon cadenassé rouille au pied d’un mirador perdu dans les cimes.

En comptant les cartouches qui traînent entre les herbes hautes, j’imagine le tonnerre des coups de feu et le carnage. Choqué, Je me demande si le pigeon ramier est si goûteux pour que l’on se donne autant de mal pour lui faire sa fête, à moins que cela soit pour le plaisir d’arracher aux cieux quelques-uns de ses miracles.


~~~
Entre les fleurs
dans la toile de l’araignée
une plume grise
~~~






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire...